Préface
Nos modes de vie sont ceux de nos désirs et reflètent la bataille qu’il y a de les poursuivre. Faut-il donc se demander si le moteur qui gouverne le centre d’intérêts égocentrique, qui veut les atteindre, est à remettre en cause ?
Alors que nous voulons la paix et la joie, paradoxalement nous faisons tout le contraire et récoltons le fruit de nos compulsives actions. Et comme cela nous occupe à nous protéger de nous-mêmes, nous sommes trop accaparés pour accueillir la vie qu’il y a à vivre.
L’existence que nous avons est altérée par nos propres désirs d’être bien, ces désirs sont nos envies constituées de pulsions en demande qui poursuivent l’idéal où l’esprit s’attache à cette vision qui lui donne un sens de réconfort. Il croit avoir trouvé sa sécurité et depuis lors, il s’enracine dans des mœurs, des traditions et des habitudes qui le rassurent face à l’instabilité des changements constants. Cependant, l’état imprévisible qu’apportent les changements inéluctables est la nature même de la vie qui opère en nous.
Se mettre à contrôler les situations qui déstabilisent le confort, ce serait insinuer à la vie comment elle devrait fonctionner afin d’accommoder notre existence au désir que nous souhaitons poursuivre. Y croire qu’on puisse y arriver fait partie de nos rêves les plus absurdes.
Qu’est-ce donc ce désir ? Vient-il de nos émotives pulsions en demande ? Ne poursuivons-nous pas le réconfort que cela apporte et ne s’attache-t-on pas à lui ?
Toute cette effervescence nous mène à la destinée que nous connaissons déjà aujourd’hui. En connaissance de cause, il y a lieu de se demander si cela est la vie à vivre, cette façon où tous les quotidiens se mènent mécaniquement dans le cycle des habitudes et des carcans tout en ayant peur des lendemains.
Il est facile de comprendre que cette vie est un champ d’incessantes batailles qui engendrent la méfiance, la haine, la violence, la frustration et la déception. Tout cela génère la perte de la capacité à être serein, mais que fait-on à cette évidence, sinon de poursuivre du répit.
Or, il y a sérénité, que si l’esprit n’est pas dispersé, quand il a toute sa vivacité, quand toute l’énergie est rassemblée dans la joie d’être, et quand celle-ci n’est pas dissipée à autre chose que cela.
Si le mécanisme qui fait surgir les émotions ne perturbe plus l’esprit en l’égarant à un destin médiocre, nous aurons alors la faculté d’observer ce qui se passe en nous.
Pourtant ce n’est pas le cas pour la plupart, la majorité est acharnée à résoudre ses perpétuelles demandes pour assouvir l’intérêt qu’il y a d’être en sécurité. C’est là notre problème, nous sommes prisonniers de nos propres désirs à satisfaire l’intérêt qui nous apportera du bien-être, de ce fait, est pratiqué l’accumulation de nos privilèges aux dépens des autres.
S’il y a réalisation que c’est cela qui engendre tous nos problèmes et crée les modes de vie que nous avons adoptés, il faudra peut-être considérer s’il y aurait un moyen de sortir de ce train qui nous confine à une existence où la névrose est rampante.
Il est question ici, de voir s’il y a quelque chose d’autre au-delà de nos compulsives demandes indécentes à acquérir la satisfaction de nos intérêts. Et voir si une autre sorte d’existence existerait, mais qui ne ressemblerait pas à cette pulsion mécanique à travers laquelle nous réagissons pour mener à bien ce que le centre égocentrique aspire.
Pour découvrir une telle énigme, nous avons besoin d’un esprit clair et lucide libre de cette perpétuelle activité à trouver du réconfort, afin de rentrer en contact avec une autre dimension.
Celui qui est plongé dans les problèmes de cette vie ne peut être rationnel dans ses agissements, cela demande que l’on s’arrête, de sorte que nous puissions prendre le temps de réfléchir sur certaines questions fondamentales et arriver à cerner l’enjeu de l’existence.
Cela doit être fait, afin de prendre en compte la réalité sans qu’elle ne soit biaisée par l’interprétation que l’on peut se faire. De sorte que cette envie de savoir devient une flamme brûlante en soi, pour résoudre notre grande insatisfaction de ne pas être unis dans la joie, celle qui nous manque terriblement.
Cette insatisfaction de vivre ainsi où la profondeur n’est pas touchée, où les modes de vie selon les conclusions sont bien ficelés, peut déclencher chez celui qui en souffre, une passion pour le véritable qui se cache à notre perception.
On a tous eu des flashs de l’ultime, du parfait, du sublime, qui nous ont laissés leurs parfums, car de manière inexorable l’enchantement de l’union appelle nos cœurs à l’éveil.
Mais rares sont ceux qui s’extirpent de leurs habituels quotidiens pour percevoir autre chose, car nous avons pris l’habitude de nous contenter d’être prisonniers de nos désirs. Tous nous sommes à la poursuite de nos rêves, occupés à nous entourer de conforts et de plaisirs ne voyant aucune utilité à nous extirper de cet univers où l’humeur est en état de yoyo.
Ainsi, la libération à nos propres conclusions de ce que nous croyons avoir acquis, accompagnées de satisfaction qui nous fait jubiler, est à abandonner. Cette vie que nous disons être la nôtre et que nous chérissons tant, est à renoncer. Si nous voulons découvrir un autre genre d’existence, le brouhaha de la pensée devra être examiné, car il constitue l’ensemble de la structure physiologique et psychologique, un mécanisme qui ne sait pas être en silence, celle-ci est constamment en activité, par peur de ce que le silence révélera.
L’esprit est occupé par l’activité de cette structure qui propose l’espoir d’une paix à venir qui finalement est le mirage que projette le désir. L’existence demeure dans la dépendance et demande toujours plus d’illusions, qui assureront l’esprit du bien-fondé qu’il y a de poursuivre son mirage. La substance de ce mirage est la drogue que l’illusion injecte, mais indubitablement au réveil il y a déception, cependant rares sont ceux qui guérissent de cette addiction.
Car le désir est l’intéressement de celui qui poursuit l’assouvissement, il est dépendant de ce qu’il y a à gagner, il donne à celui qui s’y adonne de l’importance, donc il ne lâche pas le gain qu’il veut atteindre, il va aller jusqu’au bout pour en être assouvi.
Pour que l’activité engendrée par le désir cesse, la prise de conscience qu’il y a dans ce cercle vicieux, une course sans fin à un but éphémère, est nécessaire. Se rendre compte qu’une fois le désir accompli, il sera à nouveau en demande à cause de l’insatisfaction qui s’y trouve.
Le vide à remplir est sans fond et ce qu’on y jette afin de se réconforter de l’angoisse, prononce la déception. On a l’impression que si on ne fait rien, ce néant va nous anéantir, il y a donc cette peur de ne plus exister aux yeux de la norme.
Le désir est donc une excuse avec laquelle on espère passer outre la souffrance du gouffre. Ce gouffre n’est pas acceptable pour celui qui se rassure d’exister à travers l’image qu’il se fait de lui-même. Or, c’est à cela que l’on ne veut pas renoncer, d’où l’angoisse du lâcher-prise.
Il y a donc nécessité de faire cette approche, afin de se connaître, et que puissent être sondées les peurs qui empêchent la liberté de naître. Cela nous permet d’abandonner nos inhibitions et ainsi d’accéder à une perception élargie du fonctionnement du soi. Là, se révèle la cause de tous nos problèmes, celle de nos insatisfactions que nous découvrons être le mécanisme qui nous fait rester dans les sillons de nos habitudes réconfortantes. Nous ne voulons pas quitter cette sécurité, parce qu’il y a l’angoisse de perdre ce que l’on a acquis et qui réconforte face au vide.
Il n’y a pas de mal en soi à s’accrocher à ses désirs, cela fait partie d’un rite millénaire, mais il faudrait cependant, voir ce qui se passe en ayant la présence d’esprit pour constater les faits qui nous échappent.
N’y aurait-il pas ce fait, que nous nous évadons dans un univers qui nous distrait de connaître la vérité sur soi ? Et comme toute l’occupation de l’esprit est confinée à l’exercice de trouver du réconfort, cela produit l’effet inverse de ce qui est attendu, puisque dans le processus de la poursuite du but à atteindre, toutes sortes de mal-être naissent sur le parcours à poursuivre cet idéal convoité.
Ces buts ont été la cause de nos modes de vie qui s’activent, de génération en génération où, ce qui importe est le réconfort dans la sécurité. Où on renie le fait que cela crée la division des rangs sociaux et toute la souffrance que cela implique.
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