Préface – Ce que je suis, tu es
Cher ami,
Je voudrais avec toi, parcourir le chemin qui arpente la colline, peut-être main dans la main, ou sur l’épaule par amitié et nous entretenir sur les difficultés qui submergent nos vies. Voir ensemble, si une issue est concevable pour cheminer l’existence, sans être assaillis par nos constantes insatisfactions. Insatisfactions, qui sont issues de nos batailles, à garder l’esprit loin des tracasseries qui se réitèrent, jour après jour. Il semble que nos difficultés sont communes et que nous subissons tous, l’angoisse des lendemains incertains. Cette tracasserie est le facteur d’une activité intense, qui attise l’esprit à côtoyer la nostalgie du passé où la joie fut présente. Cela se passe ainsi, parce que l’esprit s’appuie sur ses expériences vécues, pour éviter l’angoisse des jours à venir.
Allons donc ensemble si tu veux bien, faire un tour d’horizon sur la complexité de l’existence, afin de voir, s’il nous est possible de trouver une issue à la confusion, au doute et à la nervosité que nous éprouvons. Allons observer, et voir si la condition dans laquelle nous sommes, n’est pas le résultat d’un insidieux matraquage d’idées, qui a usurpé nos libertés pour nous faire agir sous l’emprise de nos peurs.
As-tu remarqué que nos quotidiens sont remplis d’actions qui se répètent et que celles-ci installent les modèles de vie que nous vivons ? Il en va de soi que les habitudes que nous cultivons, nous réconfortent face à l’inconnu menaçant. Nous allons dans la monotonie de nos besognes, jour après jour à la poursuite de la sécurité que nous trouvons, à amasser de l’argent avec tout le plaisir qu’il y a d’en jouir. C’est pour cette raison que nous avons toutes sortes de distractions, qui se trouvent être le sédatif des insatisfactions que nous subissons.
L’attachement à tous ces idéaux qui prônent le bien-être d’une vie meilleure, reflète les croyances qui soulagent l’esprit face à la réalité de ce qui se passe. Comprendre ce que nos angoisses nous font subir, nécessite une observation pour explorer la réalité de ce qui se meut en Soi, mais pour cela, l’esprit ne doit pas être embarqué à désirer autre chose que ce qui existe.
C’est quand l’esprit est attentif aux pensées qui ont forgé nos manières de fonctionner, qu’il y a prise de conscience de ce qui se joue en profondeur. Mais en considérant la condition de l’esprit, obnubilé dans sa course sans frein, pour trouver du répit à travers des idées qui réconfortent, l’observation est rendue opaque. Il est donc à mon avis, crucial, de se libérer de toutes les distractions, des amusements et des parasites de toutes sortes, qui provoquent l’évasion.
Mais, il y a là, une difficulté, celle-ci est évidemment connue de la grande majorité, étant donné que nous partageons en profondeur la même aspiration qui est celle d’être en paix avec soi-même. L’activité de l’humanité, est le résultat de la conscience qui a parcouru les âges et qui de génération en génération, a été formatée par le martèlement des conclusions acquises des expériences vécues. Le résultat est ainsi, le conditionnement qui est la marche à suivre, afin de trouver une issue à la souffrance de nos manques de joie. Des générations entières emboîtent le pas dans ces modèles de vie, basés sur le principe, d’éliminer la souffrance par l’activité du plaisir que l’on se donne d’atteindre et où l’esprit s’attache au bien-être qu’il éprouve.
On veut trouver dans le gris de nos quotidiens, un miracle qui nous sauvera de la monotonie de nos modes de vie. Mais malgré tout, le résultat de toutes nos batailles à convoiter le bien-être, laisse dans le sillage de nos ambitions de la frustration et de la déception ; un malaise, où la confusion et le mystère persistent.
En réalité, tout ce que l’existence propose, que ce soient les peines que l’on subit, ou les plaisirs que l’on en retire, tous forment un seul mouvement qui s’avère être l’activité de ce que l’on appelle MOI. Le fonctionnement de ce MOI, s’avère être le résultat de la mémoire que l’humanité a laissée derrière elle.
C’est à travers elle, que la majorité s’identifie pour exister, comme l’expérience des vécus le prescrit.
C’est un fait perceptible, chacun peut le voir. Le résultat de ce que je suis, est l’ensemble des conclusions qui ont été faites à partir des expériences vécues. Toutes les mémoires du passé constituent l’activité des pensées et l’esprit, qui s’est identifié à elles, subit leurs demandes incessantes.
L’activité des pensées qui déambulent, projette la perception, avec laquelle l’insatiable activité égocentrique agit. Alors, l’esprit reste dans l’insatisfaction et se met à convoiter désirs après désirs, sans jamais trouver du repos.
Ceci indique que l’activité qui a pris place, n’est pas sous la présence de ton œil bienveillant, étant donné que tes actes irréfléchis font partie de l’action compulsive et mécanique entretenue par ton centre d’intérêt.
L’existence se vit ainsi, en mode automatique, où l’esprit n’est pas présent pour manœuvrer les commandes, car il est trop occupé à poursuivre le gain de ses désirs. Il donne son pouvoir à ce que préconisent les pensées et crée ainsi, un manque d’attention à la réalité qui se meut en son sein.
Nous avons depuis des décennies, la même démarche méthodique de procéder, où l’intention est rivée sur l’activité de nos intérêts, afin de sécuriser notre bien-être dans la pérennité. Mais cependant, cette activité est celle de la pensée qui engendre ces réactions-réflexes, où le Soi est enrôlé à jouer le rôle de ce que projette la pensée.
Et dans cette perspective, l’expression de la pureté sincère est usurpée au profit d’un soi qui est valorisé, pour être conforme à la norme.
La sincérité, étant soumise à la rhétorique des schémas de pensées, enrôle tes actions dans des démarches compulsives, où l’esprit est leurré par la promesse d’être en sécurité. Sécurité que le centre d’intérêt désire avec insistance. Ce qui fait que, l’esprit est piégé dans ses habitudes à jouir de ses privilèges, mais singulièrement, toute cette activité cache une dimension rendue interdite. La peur de ne pas être en sécurité, enrôle l’esprit à se mouler aux schémas de pensées, reconnus acceptables et sécurisants. Étant impliqué à profiter du réconfort que cela procure, la nonchalance et l’indifférence s’installent, l’esprit devient amorphe et blasé dans sa zone de confort.
À vrai dire, la fausse sécurité sur laquelle on s’appuie, fait que le drame n’est pas loin, un rien, fait que la vie de celui qui s’y attache, devient un calvaire. L’histoire nous le dit, tout cet attachement à nos privilèges, est la cause de nos déboires, car le sentiment de sécurité que cela procure, est éphémère et cause la déception et l’absence de joie.
Et c’est le changement constant du mouvement de la vie, qui inévitablement provoque la fatalité du confinement. Chacun trouve refuge dans cette sécurité, que miroite l’idéal proclamé par les conformistes.
C’est l’individualité dans laquelle on s’isole qui est l’obstacle de nos relations, car chacun est dans son monde, occupé à protéger ses privilèges. Alors que, c’est en dehors de ces carapaces que se trouve la joie d’être ensembles. C’est en se libérant de la croyance du bien-être que tu as acquis dans cette individualité, que tu te rends compte, qu’il y a une autre dimension.
En dehors de ton petit univers, réside une perception commune qui réunit, là où l’autre et toi ne sont plus qu’un, emportés par la même énergie. Quand ce fait se révèle à Soi, l’indifférence envers l’autre n’existe plus.
Cette compréhension que toute l’humanité, n’est qu’un seul et même ensemble, nous est révélée comme étant un fait réel, mais encore faut-il que l’esprit soit libre de la machine pensante qui divise la perception de ce qui est.
Un esprit, libre de la perception que proposent les pensées, a la capacité d’une perception au-delà de toutes les appréhensions que nos peurs ont mises en place. Cette perception, libre d’interférence, est créatrice d’harmonie et apporte la tolérance et la paix dans les relations.
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